Les bénéfices des solutions fondées sur la nature
Pour évaluer l'intérêt des solutions fondées sur la nature dans la gestion de l’eau et faciliter la décision, l’agence de l’eau Loire-Bretagne étudie leurs impacts environnementaux, sociaux et économiques sur sept territoires deux urbains et cinq ruraux. Résultats : des solutions à moindre coût et aux bénéfices multiples.
Oser le choix d’une solution fondée sur la nature
Choisir une solution fondée sur la nature n’est pas toujours une évidence. Le maître d’ouvrage doit d’abord se demander si la solution fondée sur la nature répond bien au problème rencontré. Ensuite, il doit oser faire ce choix : la solution n’est-elle pas plus risquée ou compliquée qu’un aménagement traditionnel ? Ne va-t-elle pas bouleverser les modes d’organisation ? Aura-t-on besoin de plus d’emprise foncière et de sensibiliser plus encore la population ?
En fournissant des exemples de solutions fondées sur la nature ayant apporté des bénéfices directs et indirects, l’étude aide les maîtres d’ouvrages à faire un choix. Car ces projets sont « gagnant-gagnant » et permettent une certaine résilience face aux changements climatiques.
Les solutions fondées sur la nature sont des actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés, pour relever directement les enjeux de société de manière efficace et adaptative tout en assurant le bien-être humain et des avantages pour la biodiversité. » Source : Union internationale de conservation de la nature (IUCN).
Des solutions aux multiples fonctions
Dans un contexte de changement climatique, les maîtres d’ouvrage recherchent des solutions répondant à plusieurs besoins de manière simultanée (multi-fonctionnalité), peu coûteuses, mais les plus efficientes possibles. C’est ce que leur offrent les solutions fondées sur la nature.
Par exemple, la mise en place d’une noue enherbée infiltrera l’eau là où elle tombe plutôt que de la renvoyer par des réseaux à la station de traitement des eaux usées. Cette noue apportera de la nature en ville, contribuera au bien-être physique et mental des habitants, aidera à contenir les températures et favorisera la biodiversité.
Les solutions fondées sur la nature sont dites multifonctionnelles car bénéfiques à la fois pour l’eau, la biodiversité, le stockage carbone ou encore la structure des sols. Elles permettent de répondre à plusieurs objectifs.
Avec des bénéfices en cascade
Sur tous les sites étudiés, les solutions pour la nature, en plus de répondre à l’enjeu principal pour lequel elles ont été mises en place, permettent de renforcer la biodiversité, participer à la qualité de l’eau et stocker du carbone. Très souvent, elles permettent aussi de réguler les inondations, et participent à l’amélioration du cadre de vie et des paysages.
Ces bénéfices en cascade, résultent du rétablissement de services écosystémiques qui assurent différentes fonctions : régulation des eaux, épuration, habitat pour des espèces…. Ils sont désignés sous le terme de « co-bénéfices » car ils sont complémentaires à l’atteinte du but premier recherché (gérer les eaux pluviales) lors de la mise en place de la solution fondée sur la nature.
Quelques bénéfices constatés
Restauration et préservation de zones humides, plantation et entretien de haies, végétalisation et désimperméabilisation de l’espace urbain, restauration d’espaces naturels… Les bénéfices sont là :
Exemples de bénéfices
- 1 hectare de bocage permet de chauffer 1 maison pendant une année complète (Boischaut Sud)
- 1 hectare de tourbière en bon état c’est 1 400 tonnes de CO2 stockées, soit les gaz à effet de serre produits annuellement par 120 habitants. Pour des territoires ruraux peu densément peuplés (20 habitants/km2), quelques ha de tourbières peuvent compenser une part importante des émissions annuelles de gaz à effet de serre (Prairies du Roy)
- Autoépuration des eaux par les prairies et haies: 30 tonnes par an de polluants (nitrates) filtrés par les prairies, remplaçant des investissements de traitement de l’ordre de 250 000 euros/an (Prairies du Roy)
- Les toitures végétalisées réduisent les charges de climatisation de logements ou bâtiments publics de 2 % environ par rapport à une toiture classique (Roanne).
- La création d’espaces naturels (pelouses et haies) contribue à la séquestration du carbone et permet de limiter les îlots de chaleur en période de canicule (Roanne)
- Les milieux naturels et espaces verts conçus en milieu urbain sont propices aux activités récréatives et sont sources de détente et de bien-être pour les habitants vivant à proximité ou de communes voisines (La Rochelle).
Des solutions étudiées sur sept territoires
Les impacts environnementaux, sociaux et économiques des solutions fondées sur la nature sont étudiés sur sept territoires du bassin Loire-Bretagne, urbains et ruraux, avec des échelles de mise en œuvre différentes :
- l’agglomération de Roanne dans le département de la Loire (42),
- la commune de la Rochelle en Charente-Maritime (17),
- le bassin versant de l’Alagnon (15, 43, 63) situé en tête du bassin Loire-Bretagne,
- la région naturelle du Boischaut Sud au sud de l’Indre et sur le Cher (18 et 36),
- la vallée de la Cisse dans le Nord du Loir-et-Cher (41),
- l’aire d’alimentation du captage de Vaubourgueil à la limite du département de la Sarthe (72),
- l’espace naturel sensible des Prairies du Roy entre les villes de Loches, Beaulieu-lès-Loches et Perrusson en Indre-et-Loire (37).
La plupart des solutions évaluées concernent le grand cycle de l’eau sauf deux relatives au cycle technique de l’eau (eau potable, eaux pluviales). Les bénéfices qu’elles procurent sont mesurés, et une valeur monétaire leur est attribuée.